Collectif du 4 octobre contre l'éolien industriel
Samedi 4 octobre 2008 à 14 h
Paris, place Denfert-Rochereau

2E GRANDE MANIFESTATION NATIONALE CONTRE L'ÉOLIEN INDUSTRIEL

de la place Denfert-Rochereau au boulevard Saint-Germain, en descendant le boulevard Raspail

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« Les éoliennes n'ont pas leur place en Alsace »

« Le développement de l'énergie éolienne, en France, s'inscrit dans un contexte malsain, celui d'une collusion de la finance et de l'idéologie du renouvelable. Il se fait au détriment de nos paysages et de notre cadre de vie.

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Les éoliennes polluent le paysage

Dans les plaines littorales de Vendée et dans les polders néerlandais, de nombreuses éoliennes se dressent à 40 mètres du sol. C'est la hauteur des pylônes de téléphonie mobile. C'est autant que les plus hauts arbres (35 mètres), c'est un peu moins que les plus grands supports de ligne de transport d'électricité (55 mètres). Dans les plaines, l'espace horizontal absorbe une partie de la verticalité. A l'intérieur des terres, les éoliennes sont placées en sommet de relief, une position qui en accentue la dimension. A 10 kilomètres de distance, elles s'imposent comme un point focal. A Fos sur Mer, les éoliennes (60 mètres) forment un paysage cohérent avec leur environnement industriel. Dans la montagne, elles sont une intrusion technologique dans un espace dédié à la nature et perçu comme sauvage. La montagne est l'antithèse de la mégalopole qui se dessine dans la plaine : ses qualités résident dans sa virginité en signe urbain et technologique.

Dans un contexte de croissance énergétique, le recours au renouvelable prépare un asservissement total de la nature

Le refus du nucléaire et la dérive climatique ont paré les énergies renouvelables de toutes les vertus. Au point que certains élus veulent leur éolienne comme un certificat de bonne conduite écologique et que certains antinucléaires investissent leur opposition à l'atome dans la promotion du vent.

Or, au-delà d'un seuil de mobilisation, dans un contexte de croissance sans limites, les énergies renouvelables peuvent devenir des énergies dures : dégradation des forêts pour satisfaire la demande en bois de feu (comme au début du XIXe siècle), altération des cours d'eau par la multiplication des centrales hydroélectriques, envahissement de l'espace agricole par la production de biocarburants, industrialisation du paysage par les éoliennes.

L'exploitation intensive des énergies renouvelables implique des habitats naturels et des espaces jusqu'alors relativement protégés. Sans une remise en cause de la demande croissante d'énergie, le recours au renouvelable prépare l'asservissement de tout ce qui nous reste d'espaces « sauvages ».

Pour autant, le recours à l'éolien ne contribuera pas à une sortie du nucléaire en France. L'électricité produite est injectée dans le réseau d'EDF, où elle rejoint l'excédent de production nationale, qui est commercialisé à l'étranger ou consommé par le chauffage électrique et l'éclairage des monuments.

Construire des éoliennes en l'absence d'une réorientation fondamentale de la politique énergétique, dont l'axe central doit être une réduction drastique de la consommation, n'a guère de sens. Sa contribution restera marginale.

De plus, cette énergie aléatoire (les éoliennes ne fonctionnent qu'avec des vitesses de vents comprises entre 20 et 80 km/h) ne peut avoir comme complément qu'une énergie souple à mettre en œuvre : centrales thermiques au fuel ou au gaz, hydroélectricité. En l'état actuel de la technique, le vent n'est pas une réponse à l'effet de serre.

Une base malsaine de développement

Le développement des éoliennes dans notre pays repose sur un mécanisme malsain, celui d'un prix garanti au kilowatt/heure produit. La rentabilité de l'investissement est assurée. Rien d'étonnant, dès lors, que des entreprises financières se précipitent sur cette manne. Le bénéfice dépend du nombre de kilowatts heures produits, ce qui explique la hauteur des pylônes et leur localisation sur le relief. La chasse aux sites d'accueil est ouverte : des chasseurs d'opportunité sont rémunérés pour apprécier la réactivité des populations locales et l'adhésion des élus locaux.

Sous la pression des groupes financiers qui ont investi dans l'éolien, la multiplication des projets transformera l'espace naturel en zone industrielle dédiée au vent.

Un mauvais coup pour le tourisme

Les premières éoliennes ont suscité la curiosité. Rencontrées en bord de mer, peu nombreuses, elles ont pu séduire. Les suivantes banalisent l'objet et banalisent les territoires qui les accueillent.

L'attractivité touristique de la France repose sur la qualité de ses paysages, de ses sites naturels. Les visiteurs y recherchent un sentiment d'immuabilité, loin des ambiances urbaines et industrielles qu'ils connaissent à longueur d'année.

Nous nous sommes battus pendant trente ans pour réduire le nombre des pylônes EDF et éviter la multiplication des antennes de téléphonie mobile. Aujourd'hui, certains prétendent planter sur les reliefs des pylônes blancs trois fois plus hauts et plus visibles (blancs et équipés de lumières) !

Conclusion

Les éoliennes ont leur place dans une politique énergétique intégrant l'ensemble des facteurs environnementaux. Elles ont leur place dans les plaines littorales et en mer, où leurs dimensions peuvent être réduites substantiellement.

Alors, de grâce, ne sacrifions pas nos paysages à d'inutiles éoliennes, qui ne font le bénéfice que de l'investisseur, de la commune qui perçoit les taxes professionnelles (en cassant le paysage des communes voisines) et du propriétaire foncier qui loue l'emprise des pylônes. »

Antoine WAECHTER

Le Collectif du 4 octobre a manifesté à Paris de la place Denfert-Rochereau au quartier des Ministères boulevard Saint-Germain.